- 2050NOW
- Posts
- Chasse (d'e)au gaspillage
Chasse (d'e)au gaspillage
Nos robinets, nos paysans et nos musées


Bonjour, c’est Vincent,
Je voudrais partager avec vous quelque chose qui m’a empli d’optimisme la semaine dernière. J’ai bouclé la formation que j’avais entreprise cette année à l’Université Paris-Dauphine-PSL : le Certificat Gouvernance, Climat et Transformation durable. Les 14 néo-étudiants de ma promotion (pour la plupart membres de conseils d’administration ou aspirants à le devenir) ont eu le droit à une belle cérémonie de remise de ce fameux Certificat.
C’était chouette, mais il y avait beaucoup plus important :
De plus en plus de cadres dirigeants prennent le temps de s’équiper pour challenger la transformation des entreprises et acceptent l’idée - avec beaucoup d’humilité - de devoir monter en compétences sur des sujets de grande complexité pour répondre à l’urgence.
C’est d’autant plus frappant qu’il y avait dans ce groupe des personnalités avec de sacrés parcours, surtout des femmes, dans le business comme en politique, au plus haut niveau.
L’entrée dans une communauté de 120 alumni donne des ailes, permet des relais, et tisse un réseau d’alliés pour gros temps…
Cette expérience me renforce aussi dans une conviction forte : l’obsolescence rapide des connaissances et la gravité des défis que nous devons relever imposent que nous soyons tous dans une logique apprenante.
Faisons de la formation permanente une habitude, un réflexe, une routine obligée, joyeuse et gratifiante de nos parcours professionnels.
Donnons l’exemple.

Au sommaire cette semaine :
🚰 Des solutions pour réduire sa consommation d’eau
🍀 Des offres d’emploi pour se bouger
📹 Un docu qui donne envie de partir bêcher
💡 Une idée pour agir concrètement
N’hésitez pas à nous soumettre des idées de sujets si vous en avez. Bonne lecture !
On vous a transféré la newsletter de 2050NOW ? Pour s’abonner, c’est ici 👇️

La rubrique pour décarboner et vivre mieux
Avec le réchauffement climatique, les canicules se multiplient et sont plus précoces, on le voit depuis deux semaines. Et avec elles, les restrictions d’eau. Cela ne va pas s’arranger, sauf si on décide de mettre en place les solutions qui existent pour limiter notre conso. À tous les niveaux, y compris à la maison. Il suffit juste de s’y mettre.
💡 Ce que vous allez apprendre
Pourquoi on manque d’eau alors qu’il pleut suffisamment
Comment la pénurie d’eau impacte tous les secteurs d’activité
Les solutions qui existent
Les habitudes simples à prendre à votre échelle
🔧 Les enjeux
Le mercure s’est affolé en juin, avec des températures supérieures de plus de 10°C aux normales de saison, en France comme en Europe. Et ce n’est qu’un début : d’ici septembre, « un scénario plus chaud que la normale est le plus probable », selon Météo France. Ajoutez de faibles précipitations au printemps (-20 % en moyenne, jusqu’à - 70 % sur la moitié nord et la Corse). Résultat : la France est déjà en stress hydrique, avec des restrictions d’usage dans 14 départements.
Ça vous étonne ? Pas nous. Entre 2017 et 2020, plus de 30 % du territoire était, déjà, concerné par des restrictions d’usages de l’eau. Les modèles climatiques sont formels : plus de chaleur, c’est plus de sécheresse, donc moins d’eau (-14 % en France entre 1990 et 2018).
Il faut s’y préparer sachant que l’objectif de limiter le réchauffement à +1,5 degré est désormais impossible.
Les conséquences à venir pour notre pays ?
D’ici à 2050, l’intensité et la durée des sécheresses des sols devrait doubler en été.
2 milliards de m3 d’eau pourraient manquer dans 25 ans si on ne fait rien, soit la consommation annuelle de 36 millions de Français
D’ici à la fin du siècle, nous subirons 4 à 5 mois de sécheresse des sols dans le nord, et jusqu’à plus de 7 mois dans le sud si rien ne change.
La faute aussi à un cercle vicieux :
plus il fait chaud ➞ plus les plantes transpirent ➞ plus les sols s’assèchent ➞ plus les pluies ont tendance à ruisseler en surface, au lieu de s’infiltrer pour recharger les nappes phréatiques.
Pourtant a priori, on ne manque pas d’eau. Chaque année, 500 milliards de m3 de pluie alimentent nos eaux de surface (cours d’eau, lacs) et nos nappes souterraines.
Voilà ce qu’ils deviennent :
3/5 s’évaporent dans l’atmosphère
1/5 alimente les écosystèmes naturels
Reste 1/5 pour nous, ce qui devrait être largement suffisant : ça correspond à trois fois nos besoins
Sachant que les 2/3 de ces besoins servent à refroidir nos centrales nucléaires et à alimenter nos canaux.
Alors où est le problème ? Nos consommons plus d’eau l’été. Or l’été, il tombe le moins de pluie. « Cela peut provoquer localement de fortes tensions sur cette ressource, ainsi que des pénuries temporaires », reconnaît le ministère de la Transition écologique.
📈 Les chiffres qui font mal
En 2022, plus de 1000 communes ont eu recours à des mesures exceptionnelles pour s’approvisionner en eau
Les rendements agricoles ont baissé de 10 à 30 %
La production d’hydro-électricité a chuté de 20 % par rapport à la moyenne 2014-2019
Résultat : une facture de 5 milliards d’euros, dont 3,5 milliards pour la seule fissuration des bâtiments.
❌ Une idée reçue
Il suffit de stocker l’eau l’hiver : pas si simple. Le stockage des eaux de pluie fonctionne bien. Mais les méga-bassines, qui pompent l’eau dans les nappes phréatiques, comme celle de Sainte Soline, sont jugées « mal-adaptées » par les chercheurs et la très sérieuse Cour des Comptes (on vous l’explique dans notre vidéo “Avec Minecraft”).
🔑 Les solutions
Déjà, réduire notre consommation d’eau. Comment ? On a demandé à Pauline Laluque, chargée de mission au Club des économies d’eau. Voici ses recos.
Pour les communes
Réparer les fuites dans les canalisations
Arrêter d’arroser les espaces verts et de nettoyer les rues avec de l’eau potable
Elargir la tarification progressive de l’eau. Le principe est simple : plus vous consommez, plus vous payez. L’objectif : inciter à moins consommer. Ce dispositif est déjà en place à Dunkerque, Lyon ou Montpellier
Recycler l’eau de pluie pour purger les canalisations
Recycler l’eau des piscines municipales pour arroser les espaces verts, comme à Grenoble
Elargir la distribution de kits hydro-économes, qui permettent d’adapter facilement robinet, douche et WC, afin de réduire conso d’eau et facture
Les agriculteurs (58 % de l’eau consommée, 80 % l’été)
Stocker l’eau qui tombe l’hiver
Généraliser la micro-irrigation
Sélectionner des plantes adaptées aux fortes chaleurs
Basculer vers un modèle agroécologique moins gourmand en eau
Recréer des haies (on vous en parlait dans cette newsletter)
Les industriels (4% de l’eau consommée)
Récupérer l’eau de pluie
Réutiliser les eaux usées dans les procédés industriels. La France n’en réemploie que 1 %, soit 10 fois moins que l’objectif !
Développer des « usines sèches » afin que l’eau circule en boucle fermée
✅ Et moi, comment j’agis ?
J’adopte des gestes simples. Prendre des douches rapides (5 minutes), utiliser la machine pour la vaisselle, installer des récupérateurs d’eau de pluie…

Je m’équipe en appareils hydro-économes : électroménager à faible consommation d’eau, régulateurs de débits ou mousseurs d’eau sur vos robinets, systèmes de récupération de l’eau de la douche pour alimenter la chasse d’eau des WC… Le Centre d’Information sur l’Eau propose un guide très pratique.
Je récupère les eaux de pluie pour mon jardin ou mon balcon. Hyper efficace, et en plus certaines communes subventionnent l’équipement (jusqu’à 20 000 euros en Ile-de-France). Pour en savoir plus, par ici.
J’arrose malin. Arrosez tôt le matin pour éviter l’évaporation, paillez vos pieds de plants, choisissez un système d’arrosage goutte-à-goutte et privilégiez les plantes économes en eau (romarin, lavande, thym citron, géranium vivace…).
Je m’informe sur mon empreinte eau. Un exemple à méditer : il faut entre 500 et 700 litres d’eau pour produire un kg de bœuf.

4 offres d’emploi pour (vous) bouger
Ingénieur·e Data - Mantle8 - Sassenage (38). Ce poste, c’est un peu celui d’un détective au service de l’énergie verte : vous plongerez dans les données géologiques pour guider la création d’IA capable de découvrir des gisements d’hydrogène naturel exploitables. Alors si vous êtes passionné.e de lignes de code, l’offre est ici.
Conducteur/rice de travaux - IZI – Nancy (54). Vous êtes le chef d’orchestre au service de la rénovation énergétique dans une filiale d’EDF. Pour ce poste de terrain, il faudra piloter des chantiers, réaliser les études techniques et assurer le suivi client pour réduire les émissions des bâtiments. Postulez ici.
Chargé·e de partenariats stratégiques - Nona – Paris (75). Cette société accompagne les cuisiniers dans la transition alimentaire. L’enjeu est de taille : décarboner 4 milliards de repas par an grâce à des partenariats responsables et ambitieux. Pour en savoir plus, c’est là.
Gestionnaire ressources humaines (stage) - Beyond the Sea – La Teste-de-Buch (33). Envie d’un poste de RH au service de la planète… au bord de la mer ? Cette start-up développe la tractation des navires par kite. Votre mission ? Recruter des talents, structurer la formation et animer la vie interne d’une équipe engagée pour décarboner le transport maritime. L’annonce est ici.

Un objet cult(urel) pour aérer vos neurones
Ils nous nourrissent
“Nous Paysans” est un documentaire renversant pour au moins 3 raisons :
La première est implacable, sans les paysans, on ne se nourrit pas, et pourtant, ils sont de moins en moins en France
Les paysans sont en même temps les premiers confrontés au changement climatique, et les plus enfermés dans un productivisme imposé
Se remettre de la révolution de la chimie prend du temps ; tout est à réinventer. Le milieu agricole, loin de l’image d’Épinal, est le lieu de l’innovation par excellence
On ressort du visionnage en remettant en perspective notre job actuel et ce à quoi il sert vraiment. Allez, on va bêcher !
Nous Paysans - 2021, 90’, de Fabien Béziat et Agnès Poirier - disponible gratuitement sur france.tv

Une question pour envisager le monde autrement
Et si… des musées osaient être 100 % « sans téléphone » ?
« Imaginez. Il suffirait d’installer des casiers à l’entrée, ou mettre à disposition des pochettes magnétiques », rêve Kéliane Martenon, fondatrice de l’agence Komando. « Parce que faire une expo aujourd’hui, c’est l’avoir vue, au moins en partie, sur les réseaux sociaux (…) se privant nous-mêmes de la magie de la découverte ».
La culture n’échappe pas non plus au “toujours plus” : et si le vrai plus, c’était de faire moins et ressentir plus ? La suite à lire sur son post Linkedin.

Voyage au coeur de l’univers de 2050NOW
Et tu danses, danses, danses
C’est la saison des festivals ! Certains s’attèlent à limiter leur impact environnemental pour faire rimer fête et planète, comme Terres du Son, à Tours, dont on est partenaires. Pour découvrir leurs initiatives 👇 Notre reporter Fabien y retourne, du 11 au 13 juillet. Si vous le croisez, n’hésitez pas à le saluer !
Transition géopo
La Chine est championne de la transition énergétique. Mais à quel prix ? Les autorités ne ménagent guère les populations lorsqu’il faut trouver de la main-d’œuvre pour extraire les ressources ou libérer du foncier pour installer des centrales renouvelables. Décryptage dans Warm by 2050NOW, notre newsletter sur la géopolitique à l’heure des transitions.
NatureTech
Utilisée à bon escient, la tech peut inventer des solutions pour protéger, restaurer et gérer durablement la nature. Découvrez-les dans l’étude NatureTech : Réconcilier Innovation et Biodiversité pour un Futur Durable, signée 2050NOW La Maison x BNP Paribas.
Nous lisons tous vos messages, qui nous aident à progresser et construire ensemble cette newsletter. Pour nous écrire, il suffit de répondre au sondage juste en-dessous.👇
Qu'avez-vous pensé de notre newsletter ?Vous l'avez adorée et avez envie de la partager au monde entier ? On est ravi ! Vous l’avez détestée ou trouvée bof ? Dites-nous pourquoi, on fera tout pour faire mieux la prochaine fois, promis ! Pour vous, elle est : |
Vous avez aimé nous lire et…
Cette newsletter a été concoctée par : Marc Lomazzi, Pierre Fortin, Morgane Becker, Sandrine Trouvelot (rédaction en chef).
Rédactrice en chef de 2050NOW : Aude Baron. Directeur général de 2050NOW : Vincent Giret.

Comment sauver l’eau sans trop d’efforts