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Consommer, moi ? Jamais !
Au menu : trois questions existentielles. Acheter ou renoncer ? Exploiter la terre ou la réparer ? Lasagnes ou poulet-frites ?


Bonjour c’est Vincent,
Cette semaine, je me suis souvenu de mon vieux prof d’éco en classe de 1ère.
Il m’avait beaucoup marqué par son talent pédagogique, son charisme, son obstination à nous apprendre à réfléchir.
Je me souviens de sa définition de la théorie de la croissance :
Une technique
Des hommes et des femmes
Du capital
Les trois ingrédients du cocktail moteur de nos économies.
Nul doute qu’il n’en resterait pas là aujourd’hui. Il en ajouterait un quatrième, longtemps impensé : la nature.
Savez-vous que la moitié de la richesse mondiale dépend totalement de la nature ?
Que plus de 90 % de nos ressources en eau sont utilisées pour l’agriculture et l’industrie ?
Sans elle, nous ne pourrions presque plus rien produire.
Bonne nouvelle passée inaperçue : de plus en plus d’entreprises commencent à s’y intéresser. Elles ont compris que les ressources de la nature sont vitales pour l’avenir de leur business.
La pharmacie, la cosmétique, l’habillement, l’habitat… ont besoin de bois, de coton, de laine, de cuir, de betterave, de fleurs, de raisins, d’eau…
Aucun secteur n’est épargné.
Pour comprendre comment ces entreprises prennent désormais en compte le vivant, nos cousins de 2050NOW La Maison ont eu la bonne idée de commander une étude à Sylvie Goulard, professor of practice à l’université Bocconi de Milan (dont l’interview est à découvrir ici) : “Régénérer la nature, c’est régénérer l’économie”.
Et les résultats sont passionnants.
Alors oui, parmi l’échantillon d’entreprises sélectionnées, aucune n’est parfaite. Mais toutes se sont attelées à la tâche et mises dans une démarche de progrès : dépollution, traitement des eaux, préservation des sols, économie régénérative…
Nous n’avons pas de capital plus précieux que la nature.
Au sommaire cette semaine
💋 Un BISOU (mais pas celui que vous croyez)
✈️ Atterrissage forcé
🍝 Lasagne versus tofu
📣 Un appel de la jeunesse
N’hésitez pas à nous soumettre des idées de sujets si vous en avez. Bonne lecture !
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La rubrique pour décarboner et vivre mieux

Écrire cette newsletter pendant les courses de Noël = dissonance cognitive assurée
Salut, c’est Pauline 👋 Ce vendredi, c’est le retour du Black Friday. Et comme chaque année, il va engendrer deux types de contenus : des promos “vite vite avant que ça disparaisse” et des injonctions culpabilisantes du style “vous détruisez la planète avec vos envies de airfryer”.
J’ai préféré une troisième voie : parler honnêtement de notre rapport à la consommation. Pas pour pointer du doigt, mais pour essayer de comprendre pourquoi on consomme autant… et comment on peut, petit à petit, en sortir.
Car oui, c’est dur de résister, quand tout, dans notre environnement, nous pousse à craquer.
3 choses que vous pourrez ressortir à la machine à café après avoir lu la suite :
La définition “dark pattern”
Combien de minutes une perceuse est réellement utilisée
Pourquoi certaines pubs font parler des chiens
On consomme trop… et on le sait
En 30 ans, notre consommation individuelle a été multipliée par trois. C’est énorme.
Et ça a des répercussions notamment environnementales :
Épuisement des ressources naturelles — si tout le monde sur Terre consommait comme un Français, il faudrait 3 planètes pour tout produire 🌍 🌍 🌍
Pollution de l’air, des sols, de l’eau
Génération de déchets — pour ne parler que de vêtements, un Européen en jette en moyenne 11 kg par an
Nous en avons bien conscience. 8 Français sur 10 pensent que nous accordons trop d’importance à la consommation matérielle.
Et en même temps… la campagne des “dévendeurs” de l’ADEME en 2023 a déclenché une tempête de critiques.
Moralité : notre rapport à la consommation, en tant que société, est tout sauf rationnel. Il est complexe, émotionnel, parfois conflictuel.
Mais est-ce vraiment de notre faute ?
Nous connaissons les conséquences de notre surconsommation. Alors pourquoi continuons-nous de surconsommer ?
En fait, ce n’est pas qu’une question de volonté.
La hausse de la consommation est alimentée par plusieurs dynamiques : obsolescence programmée, explosion de l’e-commerce… mais aussi une connaissance toujours plus fine de l’esprit humain.
Car oui, notre cerveau joue un rôle clé dans notre propension à consommer.
Combien de fois il m’arrive, à la fin d’une mauvaise journée, de me dire “allez, je vais faire un peu de shopping pour me remonter le moral”.
Faites le test : notez tous vos achats pendant un mois + le contexte émotionnel dans lequel vous les avez faits. Je l’ai fait sur une semaine, et croyez-moi, le résultat surprend !
Et ça, les marques le savent très bien.
Elles utilisent nos biais cognitifs pour nous pousser à acheter — plus, plus vite, plus souvent. Comme le démontrent Michel Badoc et Anne-Sophie Bayle-Tourtoulou, tous deux professeurs à HEC, dans leur livre Le neuro-consommateur.
Petit de ces techniques de neuromarketing :
Utiliser une célébrité charismatique 🤴 → ça active nos neurones-miroirs et nous pousse à imiter un comportement
Créer une émotion forte (peur, surprise, rire) 🤡 → ça marque, donc on retient mieux le message (ex : cette pub du Crédit Mutuel où un chien parle à son maître)
Transformer un pourcentage froid en formulation incarnée 👯♀️ → “9 lecteurs sur 10 vont adorer cette newsletter” plutôt que “90 % des lecteurs vont adorer cette newsletter”
Comment reprendre le contrôle (et acheter moins)
Aïe on nous fait croire / que le bonheur c’est d’avoir / de l’avoir plein nos armoires…
Heureusement, comme le chante Souchon, nous sommes spontanément attirés par… des choses pas commerciales. Ce n’est pas si compliqué de reprendre la main sur notre consommation. Il suffit d’entraîner notre cerveau à percevoir les choses autrement !
Voici tous les conseils que j’ai pu récolter — entre introspection et discussions chez les Capitalistes Anonymes avec mon collègue Titouan 👉 RDV ici pour découvrir son reportage sur le sujet.

Activité insolite du mercredi soir : se confesser sur son rapport à la consommation
Étape 1 : Comment éviter d’acheter
Repérer les “dark patterns” — ces techniques de design web conçues pour tromper ou forcer à l’achat. Mais si, vous savez, les bandeaux dramatiques “Vite, il n’en reste plus que 2 en stock”. En voici une liste ici — une fois qu’on les connaît, elles nous sautent aux yeux !
Réduire son exposition à la pub, en se désabonnant des newsletters de marques et ventes privées. Sans oublier des influenceurs qui enchaînent haul et codes promo (et si vous n’avez pas compris cette phrase, pas de panique, vous n’êtes juste pas concerné). Mais aussi en militant pour son encadrement dans l’espace public — comme à Grenoble, pionnière sur le sujet depuis 2014.
Attendre au moins 24 heures avant de valider un achat. J’utilise cette technique tout le temps et elle est très efficace. Le meilleur moyen de se rendre compte qu’un achat “urgent” ne l’est sans doute pas… si on l’oublie le lendemain.
Utiliser la méthode BISOU 👇

Vous êtes perdu ? Ce petit quiz de l’ADEME aide à se poser les bonnes questions.
Être réaliste. Plutôt que d’arrêter d’un coup de consommer, se fixer un objectif puis l’abaisser au fil du temps. Par exemple : “J’achète maximum 5 vêtements ce mois-ci.” → puis 4 → puis 3…
Étape 2 : Comment limiter les dégâts
Privilégier l’occasion (Vinted, Leboncoin, Emmaüs…). C’est particulièrement pertinent pour les objets qu’on utilise au final très peu (comme la perceuse qui ne sert que 10 minutes en moyenne au cours de sa vie !). Et ça fait une vraie différence : acheter un smartphone reconditionné plutôt que neuf permet d’éviter jusqu’à 91 % de son impact environnemental.
Louer, emprunter, échanger. Avant d’acheter, posez-vous la question : est-ce que je peux obtenir cet objet d’une autre manière ? La pyramide de Sarah Lazarovic illustre ça très bien — je vous la résume (grossièrement) ici 👇

L’idée : prioriser la solution la plus basse possible de la pyramide pour combler un besoin. Et pour la mettre en pratique, cette carte interactive de l’ADEME permet de localiser les alternatives (de location, d’échange…) autour de chez vous.
Conseil spécial Noël : vous voulez (vous) offrir quelque chose ? Misez sur l’immatériel. Un soin, un restaurant, une sortie, un spectacle… font plaisir sans impliquer de posséder quelque chose.
Et si malgré tout, vous voulez vraiment ce truc… Achetez-le. Personne n’est parfait. Il faut continuer à se faire plaisir, au risque de créer de la frustration — qui vous poussera à craquer tôt ou tard.
Pour aller plus loin :
🎥 Neuromarketing : votre cerveau les intéresse : Une enquête éclairante de Cash Investigation sur les techniques de persuasion mentale.
📚 Sur-consommation : On arrête tout et on réfléchit ! : Samuel Sauvage de l’association Halte à l’Obscolescence Programmée explique les ressorts de la surconsommation et les solutions à coup de BEMOL et de DIÈSE (et c’est super clair).
📱 @eveoschaub : Une créatrice — qui s’est déjà lancé plein de défis farfelus — a décidé de créer une robe de A à Z. Oui oui, en faisant même pousser du lin dans son jardin. Une trend intelligente qui rend compte du temps et des ressources nécessaires pour produire un vêtement.
📌 Retrouvez toutes les sources utilisées pour écrire cet article dans cette page.

Pour un job qui vous ressemble
Head of Operations – Oligo + – Nancy (54) : Chez Oligo+, on sème l’agriculture de demain. La boîte propose de mener une révolution AgTech en développant des solutions innovantes au service d’une culture plus durable. Au programme : remettre la nutrition végétale au cœur du processus de production pour améliorer la fertilité des sols. Pour devenir leur responsable des opérations, ça se passe ici.
Chargé·e de sensibilisation et formation à la transition écologique – Fondation GoodPlanet – Paris (75) : Avant d’agir, il faut comprendre. Depuis plusieurs années, le programme Accompagnement des Organisations sensibilise et accompagne les entreprises et collectivités vers un monde bas carbone. Par ici pour un stage qui a du sens.
Business Developer Energie Renouvelable – Akuo – Nantes (44) : Il veut décrocher non pas la lune… mais le soleil ! Le producteur indépendant d’énergie renouvelable Akuo est un pionnier de l’agrivoltaïsme. L’entreprise a été la première à développer des centrales solaires flottantes de grande envergure en France. N’hésitez pas à jeter un oeil si vous souhaitez les aider à se développer dans l’ouest du pays.
Chargé·e d’exploitation cyclo-logistique – Les Alchimistes – Lille (59) : Il est urgent de prendre soin de nos sols (et on vous en reparle un peu plus bas). C’est la mission que s’est fixée Les Alchimistes. Cette entreprise collecte les déchets alimentaires des villes, pour produire du compost 100 % local. Rejoignez-les ici.
Vous souhaitez diffuser votre offre d'emploi ici ? Contactez notre équipe commerciale : [email protected]

On s’aère les neurones
Ça plane (plus) pour moi

Depuis plus de vingt ans, Anthony est pilote de ligne. C’est son rêve d’enfant. Mais au fil des années, il prend conscience de l’impact écologique de l’aviation.
Rongé par l’éco-anxiété, il finit par démissionner et nous confie, à travers le récit de son dernier vol chez Air France, le cheminement qui l’a amené à ce choix nécessaire — et si le sujet vous intéresse, il nous le raconte aussi en interview vidéo !
Voyage interrompu : Confidences d’un pilote de ligne éco-anxieux, Anthony Viaux, Éditions de l’Aube, 2025

Une question qui envisage le monde autrement
Et si… la cantine servait lasagnes et poulet-frites le même jour ?
À l’Université de Bristol, des chercheurs ont trouvé un moyen malin de réduire d’un tiers l’empreinte carbone des repas… sans changer une seule recette. Leur astuce : regrouper les plats les plus carbonés le même jour pour qu’ils se fassent concurrence. Les options végétariennes — servies le reste de la semaine — sont devenues plus populaires. Un bon duel vaut parfois mieux qu’un long discours !
👉 Le communiqué de presse de l’étude est dispo ici (en anglais)

Il se passe quoi au bureau cette semaine ?
Solution terre-à-terre
Deux tiers des sols européens sont malades. Notre journaliste Fabien est parti en Isère, rencontrer des agriculteurs qui réparent la terre. Une transition XXL à découvrir sur notre chaîne YouTube 👇
Un monde qui change
Le 5 novembre, notre newsletter géopolitique Warm by 2050NOW a organisé sa toute première conférence : “Climat : les entreprises à l’épreuve de la géopolitique”.
Résultat : une pluie d’idées fortes sur la reconstruction des chaînes de valeur en Europe, les atouts de l’Union Européenne face à la Chine et aux États-Unis, ou encore le rôle que pourrait jouer l’IA dans la transition. Par ici pour un résumé en 10 idées-clés.
Appel de la jeunesse
“Les grandes entreprises bâtissent des stratégies à dix ans, mais leur choix reste encore largement concentré entre les mains d'une seule génération : l'âge moyen des comités exécutifs dépasse 55 ans !”
C’est le constat posé par 10 jeunes ambassadeurs dans cette tribune publiée suite à l’événement NextGen, organisé par 2050NOW La Maison. Ils y appellent à des solutions concrètes pour intégrer les jeunes dans les décisions des entreprises… et ont même lancé une pétition pour accélérer le mouvement.
Vous nous écrivez
Merci pour vos remarques qui viennent compléter notre dernière newsletter sur l’investissement en forêt… 👇

… et nous rappellent qu’il existe une multitude de manière de soutenir financièrement la forêt !

Qu'avez-vous pensé de notre newsletter ?Vous l'avez adorée et avez envie de la partager au monde entier ? On est ravi ! Vous l’avez détestée ou trouvée bof ? Dites-nous pourquoi, on fera tout pour faire mieux la prochaine fois, promis ! Pour vous, elle est : |
Vous avez aimé nous lire et…
Cette newsletter a été concoctée par : Anouk Labylle, Charlotte Meyer, Paulin Viguier et Pauline Vallée (référente éditoriale)
Rédactrice en chef 2050NOW : Aude Baron. Directeur général 2050NOW : Vincent Giret.



Comment hacker son cerveau pour moins consommer