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Voilà comment faire pour sauver nos océans
Cette semaine, à Nice, se tient la 3e Conférence des Nations Unies sur l’Océan. Au cœur des débats : comment utiliser durablement cet espace vital ? À notre échelle, on vous propose un focus sur une mesure emblématique : les aires marines protégées. Efficace ou écran de fumée ?

💡 Ce que vous allez apprendre
La vraie réalité des aires marines protégées
Ce que nous croyons savoir de notre littoral, mais qui relève de la fiction
Les chiffres-clés qui font mal
Les solutions proposées par les scientifiques (et efficaces !)
Comment agir à notre niveau pour protéger la mer
🪸 Les enjeux
Imaginez notre parc national de la Vanoise rempli de bulldozers… Impensable ? Pourtant, c’est ce qui se passe dans la majorité des aires marines protégées (AMP) de la planète, y compris en France.
Faut-il le rappeler ? Les océans jouent un rôle vital :
ils abritent 80 % de la vie de notre planète,
produisent 50 % de nos besoins en oxygène,
et séquestrent 30 % de nos émissions de CO2.
Seulement voilà : ils se dégradent à une vitesse alarmante, et nous sommes responsables, dixit tous les experts. Si rien ne change, plus de la moitié des espèces marines pourraient disparaître d’ici 2100.
Les causes sont connues :
Le réchauffement climatique : hausse de la température des eaux, acidification…
La pollution : 80 % des eaux usées mondiales y sont déversées, avec 85 % de déchets marins liés au plastique.
La destruction des habitats : urbanisation, dragage (extraction de matériaux)…
Et surtout la pêche industrielle : un tiers des stocks mondiaux de poissons sont surexploités, contre 10 % dans les années 1970. Dans l’Hexagone, 19 % des poissons français vendus en 2023 étaient issus de la surpêche.
Le problème ? Les aires marines protégées (AMP) ne le sont pas vraiment, car elles relèvent du déclaratif, il n’y a donc pas de contrôle. Il existe 4 niveaux de protection - minimale, légère, haute et intégrale - mais seuls les deux derniers, portés par une vraie gestion humaine et financière, permettent de réduire les impacts sur la biodiversité, avec zéro pêche.
Résultat :
La pêche industrielle est tolérée dans 2/3 des AMP mondiales
Seuls 2,7 % des océans bénéficient d’une protection « haute » ou « intégrale »
En France, un tiers des eaux est dit « protégé », mais seules 4 % le sont vraiment (on est loin des 10 % d’objectif !)
Si l’on prend la seule métropole, c’est pire : le niveau de véritable protection est 0,1 % en Méditerranée et 0,01 % sur la façade Atlantique-Manche-Mer du Nord.
Pourtant, les zones vraiment protégées, ça marche ! « En Méditerranée, on a de très petites aires bien réglementées qui fonctionnent bien », résume Joachim Claudet, directeur de recherche au CNRS et Monsieur Océans de l’institution. Exemple : dans le Parc national de Port-Cros, créé en 1963, la population de Mérou a été multipliée par 8,5 en 20 ans, et celle de Corbs par 7,8.
🔑 Alors quelle est la solution ?
Pour Joachim Claudet, il faut :
Placer 10 % des AMP françaises existantes sous protection haute ou intégrale, avec zéro pêche
Supprimer les AMP qui tolèrent la pêche industrielle (ce qui suppose d’exercer un minimum de contrôle)
Retirer le statut d’AMP aux zones dont le niveau de protection est inconnu ou insuffisant.
Une voix que les chercheurs entendent porter à la Conférence des Nations Unies sur l’Océans à Nice cette semaine. Qu’est-ce qu’on attend pour passer à l’action ?
❌ Les idées reçues
Dans une aire marine protégée (AMP), les poissons sont mieux traités. Faux : on l’a dit, il suffit d'une déclaration d'intention pour créer une AMP. Et les Etats, dont la France, ne s’en privent pas. Résultat : les aires protégées de La Manche et de la Mer du Nord sont parmi les plus chalutées d’Europe.
Les AMP nuisent aux pêcheurs. Faux : l’augmentation de la biodiversité dans les aires strictement protégées finit par avoir un effet ricochet sur les zones alentour, cela a été constaté !
✅ Choisir du poisson durable
Opter pour les poissons pêchés à la ligne. Et acheter de préférence français et de saison (moins de transport, moins de stockage, donc plus écologique). Pour choisir, regarder les étiquettes, ou interroger son poissonnier.
Éviter les poissons d'élevage. Pour produire 1 kg de daurade royale par exemple, il faut 4 kg de petits poissons (sous forme de farine ou huile de poisson). Une folie !
Privilégier les labels fiables. Parmi ceux qui existent, on vous recommande Pêche Durable (celui de la filière FranceAgriMer, qui garantit une pêche n’impactant pas de manière significative l’écosystème) et surtout Ligneurs de la Pointe de Bretagne (qui regroupe des pêcheurs à la ligne de moins de 12 m). En revanche, MSC (le plus répandu) autorise le chalutage, donc plutôt à éviter.
Acheter en bon endroit. Le mieux est de faire son marché sur les ports, au retour des pêcheurs, mais ce n’est pas accessible à tout le monde. On vous recommande deux sites donnant accès à des poissons issus d’une pêche durable : Poiscaille, qui permet d’acheter en circuit court, et Pleine Mer, qui recense des points de vente et réalise des livraisons.
Préférer les espèces issues de stocks en bon état. Seuls 56 % des poissons pêchés en France en 2023 provenaient d’une pêche durable, loin de l’objectif européen pour 2020 (100 %). Nos conseils pour vous y retrouver 👇
✅ S'impliquer concrètement
Participer à des actions de terrain avec des scientifiques grâce aux sciences participatives : Espions des Océans (Ifremer), Initiatives Océanes (Fondation Surfrider), ou BioLit (asso Planète Mer).
Signer la pétition de Bloom pour interdire la pêche et les autres activités industrielles dans les aires marines dites « protégées »
Pour en savoir plus :

Comment agir à notre (petit) niveau ?