Bonjour, c’est Vincent

L’une d’entre vous m’a demandé de vous parler d’agriculture.

Elle a raison : c’est un sujet majeur et l’été nous permet souvent d’accorder plus de temps au plaisir du marché, aux balades dans les champs, aux rencontres aussi, avec ceux qui font tourner la « ferme France ».

C’est d’eux – les agriculteurs - dont je voudrais vous parler. 

Savez-vous que près de la moitié d’entre eux partira à la retraite d’ici 2030 ? Et que plus de 80% de leurs enfants ne veulent pas prendre la suite de leurs parents ?

Une évolution démographique historique est en germe et nous n’en parlons presque pas… alors que le nombre d’exploitations ne cesse de diminuer (390.000).

Un mot – ou plutôt un acronyme – a surgi pour caractériser la révolution qui vient : les « NIMA », les « non-issus de monde agricole ». L’agriculture de demain sera développée par des néo-ruraux, une nouvelle génération venue des villes prête à prendre la relève.

De ce défi démographique peut donc naître une formidable opportunité. C’est ce que me dit l’un deux, que j’ai rencontré au printemps :

« Les NIMA vont arriver avec un œil neuf, sans hériter du système passé. Ils vont vouloir prendre leur part de cette aventure qu’est la transition agricole. Nous devons à la fois les encourager, les accompagner et contribuer à leur formation ». 

Un modèle de transmission intergénérationnelle aux enjeux vitaux. On le sait peu : l’agriculture pèse 19% des émissions de CO2 - 2^ème secteur après les transports -, et a un impact majeur sur nos ressources en eau, sur la dégradation des sols et sur notre santé… C’est précisément ce qui motive la nouvelle génération, avide de faire autrement. 

Au sommaire cette semaine :

• 🔧 Un kit pour résister aux mini prix de Shein et Temu

• 🍀 Des formations et des offres d’emploi pour se bouger

• ♠️ Un jeu qui fait réfléchir sur les écosystèmes

• 💡 Et une idée pour agir… concrètement

N’hésitez pas à nous soumettre des idées de sujets si vous en avez. Bonne lecture !

On vous a transféré la newsletter de 2050NOW ? Pour s’abonner, c’est ici 👇️ 

Résister à la mode low cost, chiche ?

La pression de l’ultra-fast fashion avec ses tee-shirts à 1,50 euro n’a jamais été aussi forte. Alors comme les soldes approchent (c’est le 25 juin), et avec elles la valse des promos, on en profite pour mettre un coup de projecteur sur la face cachée des fringues à bas prix. Et vous proposer des pistes pour s’habiller stylé ET responsable. Ça se tente, non ?

💡 Ce que vous allez apprendre

• Comment l’ultra-fast fashion a mis ses concurrents au tapis

• Ce que les prix low cost du secteur cachent vraiment

• Les idées reçues sur la mode éco-responsable (non, elle n’est pas toujours hors de prix)

• Les actions des marques engagées (il n’y a pas que du bullshit !)

• Des astuces simples pour consommer responsable

🪭 Les enjeux

Une vague qui submerge tout

On connaissait la fast fashion apparue dans les années 90 (Zara, H&M…). Elle a été balayée par l’ultra-fast fashion, portée par Temu et surtout Shein. Les performances de ces deux géants chinois sont sidérantes :

• Des prix imbattables avec des tops à partir de 1,50 euro

• Jusqu’à 10 000 nouveaux modèles mis en vente chaque jour, c’est 100 à 200 fois plus que les acteurs traditionnels du marché

• Un colis sur cinq distribué par La Poste en France contient un produit Shein ou Temu

• Shein est numéro un des ventes de fringues chez les 18-25 ans en France

La face cachée de la mode jetable

Des fringues pas chères associées à des salaires de misère en Asie, ça n’a (malheureusement) rien de nouveau. Seulement le phénomène de l’ultra-fast fashion démultiplie l’impact environnemental.

Le chiffre à retenir ? L’industrie textile représente 8 % des émissions de gaz à effet de serre mondiales. Et elles pourraient grimper jusqu’à 26 % en 2050… Si rien n’est fait pour contrer la déferlante.

📈 Les chiffres qui font réfléchir

L’impact environnemental vient surtout des matières premières et des procédés de transformation, qui représentent 80% des GES de la production d’un simple t-shirt en coton.

• Pour fabriquer un jean : il faut 9 000 litres d’eau soit l’équivalent de 285 douches

• Pour laver nos vêtements : on rejette, à l’échelle de la planète, l’équivalent de 24 milliards de bouteilles plastiques par an dans l’océan. La faute aux matières synthétiques, fabriquées à partir de pétrole.

• 15 % des produits vendus sur Shein contiennent des produits chimiques dangereux dépassant les limites autorisées dans l’UE.

• La culture du coton consomme plus de 10 % des pesticides dans le monde.

• 20 % de la pollution des eaux de la planète sont imputables à la teinture et au traitement des textiles. En Chine, environ 70 % des rivières et des lacs sont touchés. 

• 600 000 tonnes de textiles sont jetés chaque année en France

❌ Les idées reçues

La mode éco-responsable, c’est trop cher : pas forcément. Buy cheap, pay twice : la mode n'y échappe pas. La fast-fashion est, certes, imbattable au prix d'achat, mais les produits éco-responsables sont en général de meilleure qualité. Donc durent plus longtemps. À terme, vous êtes gagnants (à condition de ne pas en surconsommer).

C’est la demande qui commande : faux. Les géants de la fast et de l’ultra-fast fashion créent artificiellement la demande grâce à l’IA et à des promos permanentes. Dit autrement : ce sont les algo qui nous commandent.

🔑 La solution 

Des pratiques plus éthiques, responsables et durables. Cela s’appelle la slow fashion, par opposition à la fast. S’il y a sans doute du green-washing dans ce jargon, le fait est que les comportements évoluent :

• En limitant le nombre de collections, grâce notamment à des designs intemporels

• En produisant le plus possible en France

• En ayant recours à des teintures plus naturelles

• En utilisant des matériaux plus durables, qui consomment moins d’eau et d’énergie, et génèrent moins de déchets. Exemple : un tee-shirt en coton bio nécessite 2,2 fois moins d’eau qu’en coton standard.

De leur côté, les députés puis les sénateurs ont récemment adopté une proposition de loi qui vise à sensibiliser les consommateurs, interdire la publicité ou taxer les petits colis venant de l’étranger. On est encore loin d’un durcissement de la réglementation, mais c’est mieux que rien.

✅ Et moi, je fais comment ?

• J’achète sans précipitation. Pensez très fort à ce chiffre : 1/3 (oui UN TIERS !) des vêtements ne sortent jamais des placards, selon l’Ademe.

• J’opte pour des matières économes en eau. Coton bio ou recyclé, lin, de préférence sans (trop de) teinture. Nos Gestes Climat propose ce petit guide très pratique.

• Je mise sur les bons labels. GOTS, Fair Wear, Oeko-Tex, Ecolabel, bioRe, FSC… L’Ademe les a passés au crible, ici.

• Je choisis des marques éco-responsables. Elles sont nombreuses (1083, Ecclo, Patagonia…). Coup de cœur pour Loom : pas de soldes, pas de pub, réparations remboursées, coton bio, vêtements testés pour durer…

• Je privilégie les plateformes engagées. Il y a notamment Wedressfair (75 % des collections sont faites de matières bio, recyclées naturelles, etc) ou Monde éthique.

• Je cherche du haut de gamme d’occasion. Les sites Vinted, Videdressing ou Vestiaire Collective proposent des fringues de bonne qualité aux mêmes prix que le neuf chez Shein, tout comme les dépôts-vente. Idem dans les friperies, ressourceries et autres recycleries (la liste est ici ou là).

• Je répare ou fais réparer. Vous trouverez plein de tutos en ligne.

Dernière chose : si vous avez dans votre entourage des personnes qui ne savent pas résister, transférez-leur notre newsletter ! 😜

Concilier performance et durabilité, c’est l’un des défis majeurs des entreprises. Et si vous en deveniez l’acteur ? L’École Polytechnique Executive Education propose trois formations certifiantes. Objectif : former des leaders capables de prendre en charge des transformations durables. Trois webinaires sont organisés pour vous présenter chaque formation. Pour vous inscrire : 

• Stratège de la transformation durable, pour piloter le changement au sein de votre entreprise : vendredi 27 juin à 13h

• Consultant en performance durable, pour accompagner vos clients sur le sujet de la durabilité : jeudi 3 juillet à 13h

• Entrepreneuriat dans les énergies renouvelables, pour créer une entreprise grâce à une double compétence ingénieur / entrepreneur : jeudi 26 juin à 13h

L’inscription vous permet d’accéder au replay, si vous n’étiez pas disponible pour le direct.

Direction Communications & Marketing - ChangeNOW - Paris (75). ChangeNOW, c’est LE sommet mondial des solutions pour la planète. C’est notre cousin puisqu’on fait partie du même groupe (Les Echos - Le Parisien). Un cousin qu’on adore car on partage plein de valeurs. Le ou la dir com fera rayonner l’évènement et incarnera une transition écologique à grande échelle, toute l’année. Stratégie de marque, communication internationale, storytelling d’impact : un poste clé pour cell·eux qui veulent allier com, marketing et mission. L’offre est là.

Bras droit des cofondateurs - Carbon Cutter - Paris (75) : Stratégie, opérations, produit… Aux côtés des fondateurs de cette start-up qui aide les PME à réduire leurs émissions, vous toucherez à tout. Le poste est un tremplin pour apprendre à piloter une entreprise à impact. Foncez !

Cartes sur table

Vous préférez passer votre dimanche à jouer au Uno plutôt que de parler écologie ? Sachez qu’on peut allier les deux. Dans Earth, on doit créer des écosystèmes autonomes et équilibrés. On a adoré ce jeu exigeant parce que :

• Il faut prendre en compte différents paramètres (pluviométrie, topographie…), qui vous montrent que la nature, c’est compliqué

• On se sent pousser l’âme d’un botaniste, scrutant son monde miniature en espérant voir la vie y naître

Les amoureux de stratégie et de réflexion en auront pour leur argent, et les autres (c’est du vécu) apprécieront la beauté des cartes qui font découvrir mille espèces exotiques.

Earth, 49,99 euros

Et si… on arrêtait de limiter Shein à un problème de pauvre ?

La marque d'ultra-fast fashion s'offre une apparition au coeur de l'Upper East Side, à New York, dans la nouvelle saison de Sex and the City. « Un placement de produit presque honteux », juge Eric Briones, DG du Journal du Luxe. « Comme si la tension entre éthique et tentation était devenue universelle, transcendant les classes sociales. »

Il semble loin le slogan de Shein : « La mode est un droit, pas un privilège » !

Ces méga-bassines pas méga adaptées

On ne vous fait pas un dessin, les méga-bassines sont loin de faire l’unanimité. Sont-elles vraiment adaptées au changement climatique ? Réponse dans le dernier épisode « Avec Minecraft » de Maëlys de La Ruelle 👇

Le déclic chinois

La Chine, longtemps dénoncée pour ses émissions de CO2, est devenue la championne de la transition bas carbone. Comment l’expliquer ? Tout est parti d’un déclic du gouvernement chinois : on vous en dit plus, sans naïveté, dans Warm by 2050NOW, notre newsletter sur la géopolitique à l’heure des transitions.

Vous nous écrivez, on vous répond

On n’a reçu que des mails positifs cette semaine, merci 🥹 

« Vous donnez des aides très concrètes pour nous permettre de faire notre boulot de consom’acteurs, nous écrit Lise. J’ai transféré votre NL car elle me semble vraiment utile ». Transférer notre newsletter à vos proches, voilà une belle idée !

Nous lisons tous vos messages, qui nous aident à progresser et construire ensemble cette newsletter. Pour nous écrire, il suffit de répondre au sondage juste en-dessous👇

Vous avez aimé nous lire et…

• Vous avez envie de découvrir nos dernières éditions ? C’est par ici.

• Vous avez hâte de voir nos vidéos ? Rendez-vous sur YouTube, Instagram et Tiktok.

Cette newsletter a été concoctée par : Marc Lomazzi, Charlotte Meyer, Maëlys de La Ruelle, Morgane Becker, Sandrine Trouvelot (rédaction en chef)

Rédactrice en chef de 2050NOW : Aude Baron. Directeur général de 2050NOW : Vincent Giret.