Pierre, feuille, euros

Au menu : forêt cherche investisseur, classement inédit, et les Ch'tis au secours du sucre

Bonjour c’est Vincent,

Où en est la France dans la lutte contre réchauffement climatique, comparée aux autres pays du monde ? J’ai longtemps demandé autour de moi si un classement fiable existait, j’ai interrogé de grands économistes…

En vain !

Rien pour mesurer et comparer nos choix de politiques publiques. Rien qui reprenne l’ensemble des critères de l’Accord de Paris, signé il y a tout juste dix ans.

Jusqu’au jour où j’ai posé la question à l’un des coauteurs du GIEC, le chercheur François Gemenne. Il m’a répondu avec un grand sourire : “Ça n'existe pas mais je suis en train de le faire avec l’Université de Liège !

Voilà pourquoi vous pourrez lire dans cette newsletter les résultats du classement international des performances des États, dont 2050NOW a l’exclusivité.

34 pays de l’OCDE enfin classés selon les trois grands critères de l’Accord de Paris :

  • L’atténuation (la diminution des émissions de gaz à effet de serre)

  • L’adaptation

  • L’aide aux pays en voie de développement

🇫🇷 La France ? 7ème

Elle tient son rang mais sa position demeure fragile : si elle obtient la meilleure note pour ses plans d’adaptation au réchauffement, et si elle a réduit de 31 % ses émissions depuis 1990, le ralentissement de ses efforts sur ce dernier critère menace sa place honorable.

Il y a beaucoup à apprendre des pays qui sont en tête. La Suède, la Norvège et la Finlande trustent les premières places. Pour une raison éclatante : ils ont agi parmi les premiers, n’ont jamais changé de cap, et ont réussi à créer une culture écologique consensuelle dans leur population. “La quasi-totalité du parc automobile est déjà électrifié en Norvège”, souligne François Gemenne.

On sait ce qu’il nous reste à faire. Tenir le cap !

Pour découvrir le classement, rendez-vous sur Warm by 2050.

Au sommaire cette semaine

  • 🌳 Mettre la main au porte-feuilles (vous l’avez ?)

  • 🌈 Retour vers le futur

  • 💸 Pourquoi 1 euro = 3 euros

  • 🍰 Un reportage sans sucres ajoutés

N’hésitez pas à nous soumettre des idées de sujets si vous en avez. Bonne lecture !

On vous a transféré la newsletter de 2050NOW ? Pour s’abonner, c’est ici 👇️ 

La rubrique pour décarboner et vivre mieux

Investir dans la forêt pour la protéger : bon plan ?

Salut, c’est Pauline 👋 Accrochez vos ceintures ! La COP30 commence aujourd’hui au Brésil. Et parmi les gros dossiers sur la table : un fonds inédit de 125 milliards de dollars pour protéger les forêts tropicales. Ça vous paraît loin ? La protection des forêts vous concerne pourtant directement.

Car la forêt, ce n’est pas juste le décor de nos balades du dimanche.

C’est un refroidisseur naturel, un puits de carbone, un réservoir de biodiversité, un garde-fou contre l’érosion… et un acteur économique qui emploie 400 000 personnes rien qu’en France.

Mais voilà : la forêt va mal. Très mal. La bonne nouvelle, c’est qu’il existe des solutions concrètes pour la protéger, même à notre échelle… et qui, cerise sur le gâteau, peuvent rapporter un peu d’argent.

Je passe la main à notre journaliste Marc, spécialisé sur l’environnement, qui va vous expliquer :

  • Pourquoi la forêt française est en mauvaise santé

  • L’intérêt d’investir dans des forêts durables

  • Les bons plans et les pièges à éviter

À toi Marc !

🌳 Les enjeux

La forêt a longtemps été notre meilleure alliée contre le dérèglement du climat.

Mais aujourd’hui, le constat est brutal : elle est devenue “un facteur d’aggravation du changement climatique”. C’est ce que m’explique Jean-Pierre Wigneron, directeur de recherche à l’INRAE (Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement).

En Australie, certaines forêts tropicales rejettent désormais plus de CO₂ qu’elles n’en absorbent.

Et en France ? La situation n’est pas aussi critique mais on s’en rapproche. En épluchant l’inventaire forestier de l’IGN (Institut national de l'information géographique et forestière), voilà ce que j’ai découvert…

Il y a donc urgence à la préserver.

💸 Concrètement, je fais quoi ?

75 % de la forêt française est privée. Autrement dit, ni l’État ni les élus locaux n’ont totalement la main dessus.

Elle est gérée par de petits propriétaires — souvent un héritage familial — et de grands exploitants forestiers, qui privilégient la monoculture des résineux les plus rentables (pin de Douglas ou épicéas), l’usage des pesticides, et les coupes rases sans attendre que les arbres arrivent à maturité.

Autrement dit : des pratiques qui nuisent à la richesse biologique des forêts, les rendent moins résilientes et moins efficaces pour capter le carbone.

Les pouvoirs publics doivent intervenir — un rapport parlementaire de 2020 réclame d’ailleurs d’encadrer les coupes rases et de réserver les aides publiques aux exploitants respectueux de la forêt. Mais vous avez, vous aussi, le pouvoir d’agir !

Comment ? En investissant une partie de votre épargne dans une forêt gérée durablement. C’est un moyen de soutenir des projets qui respectent vraiment les écosystèmes, de leur donner les moyens de durer, de se régénérer — tout en investissant dans du concret.

Et bonus : ça peut aussi rapporter un peu (à condition de bien choisir son projet).

J’ai identifié trois solutions 👇

1. Acheter sa propre forêt

Le marché est assez restreint mais un site spécialisé comme l’agence Forêt Patrimoine met en ligne des dizaines d’offres. Son site est simple à utiliser et, une fois propriétaire, elle vous propose un accompagnement en s’appuyant sur les experts du syndicat Comité des forêts.

💡 Bon à savoir :

  • Le rendement est faible (environ 2 % par an) mais l’hectare prend régulièrement en valeur. Son prix tourne aujourd’hui autour de 5000 euros.

  • Le prix d’une forêt est assez onéreux. Comptez au moins plusieurs dizaines de milliers d’euros.

  • Vos héritiers bénéficieront d’un abattement de 75 % au moment de la succession.

  • Vous n’y connaissez rien aux arbres ? Pas de panique, une société comme Kloros vous aidera à gérer au mieux votre forêt.

2. Investir collectivement via des structures spécialisées

En prenant des parts dans une société d’épargne forestière (SEF), un groupement foncier forestier (GFF) ou un groupement forestier d’investissement (GFI). C’est une bonne option si vous avez quelques milliers d’euros à investir.

Avantage : ça permet de mutualiser les risques et de déléguer la gestion — donc s’épargner pas mal d’administratif !

💡 Bon à savoir :

  • Assurez-vous que ces structures proposent des forêts certifiées durables grâce aux labels PEFC ou FSC et/ou qu’elles bénéficient elles-même du label Greenfin sur la finance verte (comme Coeur-Forest ou Symbiose) >> un bon moyen de s’assurer qu’elles pratiquent la sylviculture raisonnée.

  • Vous avez droit à des avantages fiscaux, dont voici ici une liste. Attention, ils risquent de changer après le 31 décembre 2025 !

3. Passer par l’assurance-vie ou le crowdfunding

Vous pouvez souscrire des contrats d’assurance-vie ou des opérations de financement participatif engagés dans la préservation des forêts et de leur biodiversité.

Je vous ai concocté une petite sélection :

  • Si vous souhaitez concilier préservation des forêts et rentabilité à long terme, tournez-vous vers le fonds MAIF Forêts, un GFF qui achète des forêts garanties sans coupes rases et pesticides. Investissement minimum de 5000 euros et sur 10 ans.

  • Un autre GFF, Nos Grandes Forêts, l’entreprise à mission fondée par Mickaël Esnault, acteur engagé de l’économie verte, m’a tapé dans l’œil. Il requiert un investissement minimum de 25 000 euros.

  • L’assurance-vie de Goodvest, par le biais du fonds Pictet Timber, permet de soutenir des projets de plantation et de gestion durable des forêts.

  • Si vous êtes adepte du crowdfunding, Lendosphère propose de devenir actionnaire de “123 Actifs forestiers” — propriétaire de forêts toutes certifiées PEFC. Vous pouvez investir à partir de 1000 euros.

  • Enfin, EcoTree achète des terres pour y planter des arbres qu’elle revend aux entreprises sous forme de crédits carbone et aux particuliers qui bénéficient au bout de 20 ans du produit de la coupe. Sur son site, vous pouvez vous offrir un chêne sessile né dans les Côtes-d’Armor pour 21 euros ou un merisier planté en Haute-Vienne pour 14,40 euros.

💭 À garder dans un coin de tête

Investir dans une forêt, même gérée de façon durable et donc plus résiliente, n’est pas sans risques : chute des prix, incendie, tempête, attaque de parasites, vol de bois…

  • Si vous êtes passé par un intermédiaire financier, lisez bien le Document d’information (DIC) et la note d’information qui vous mettent en garde sur ces risques.

  • Si vous avez êtes un propriétaire individuel, vous devrez obligatoirement souscrire une assurance responsabilité civile et une assurance dommages (option chère mais fortement recommandée). Il existe des assureurs spécialisés comme Sylvassur ou Groupama Forêts Assurances.

  • Un conseil : rejoignez un syndicat de propriétaires forestiers. Ils vous partageront leurs bons plans.

 📌 Retrouvez toutes les sources utilisées pour écrire cet article dans cette page.

🗳️ Pssst : C’est vous qui avez choisi (à 50 %) l’illustration “Princesse Mononoké” en répondant à notre sondage LinkedIn. On va continuer de vous solliciter sur ce réseau donc n’hésitez pas à nous suivre !

Pour un job qui vous ressemble

Opérateur·rice de production – EcoTitanium – Les Ancizes-Comps (63) : L’industrie, c’est sexy. Surtout quand elle œuvre pour la planète ! Chez EcoTitanium, vous participez à la production du premier titane recyclé d’Europe, utilisé dans l’aéronautique. L’annonce est juste ici.

Référent·e / animateur·rice sécurité – Lemon Tri – Pantin (93) : Faire du tri, c’est sexy aussi. C’est le message porté par Lemon Tri, qui aide ses clients à mieux gérer le recyclage des déchets pour éviter l’incinération ou la décharge. Ils cherchent une personne pour veiller au bon déroulement des opérations. Par ici si vous pensez correspondre !

Assistant·e administratif·ve (stage ou alternance) – Dorêka – Paris (75) : Les paperasses ne vous font pas peur ? Dorêka aide les copropriétés à passer le cap de la rénovation énergétique. Profil recherché : une personne carrée et curieuse. Si vous voulez apprendre comment verdir les immeubles de l’intérieur, ça se passe ici.

Conducteur·rice de travaux photovoltaïques – Aequis Group – Bron (69) : Le solaire décolle, et Aequis Group recherche quelqu’un pour piloter ses chantiers. Par ici pour contribuer au déploiement d’une technologie majeure pour la transition écologique.

Vous souhaitez diffuser votre offre d'emploi ici ? Contactez notre équipe commerciale : [email protected]

On s’aère les neurones

Over the rainbow

Le jeune Arco voyage dans le temps et atterrit par erreur en 2075. Ce film d’animation — récompensé au festival d'Annecy — a conquis la rédac. Voilà 6 bonnes raisons d'aller le voir :

❤️ C’est visuellement magnifique.
🧡 Vous ne verrez plus jamais un arc-en-ciel de la même manière. 
💛 Un futur optimiste, enfin ! Le monde dans lequel vit Arco a appris de ses (nos) erreurs, et franchement… ça donne envie.
💚 Un message clair : le changement commence maintenant (on n’en dit pas plus pour ne pas spoiler la fin).
💙 Même secoué par des catastrophes climatiques, le film montre une humanité résiliente et inventive, qui utilise la technologie pour se protéger.
💜 Poétique et drôle, il est accessible à tous — même aux plus jeunes.

Arco, réalisé par Ugo Bienvenu, 2025, 1h28, en salles depuis le 22 octobre

Une question qui envisage le monde autrement

Et si… 1 euro valait 3 euros ?

Non, ceci n’est pas une invitation à trafiquer votre compta. Selon le premier rapport annuel de la Cour des comptes, publié en septembre dernier, investir 1 euro aujourd’hui dans la transition écologique permet d’économiser 3 euros demain en réparations climatiques.

Autrement dit : ne rien faire coûte plus cher que d’agir. Un ratio imparable, mis en lumière par Antoine Lannuzel sur LinkedIn — et un argument béton contre l’inaction.

Il se passe quoi au bureau cette semaine ?

Douce revanche

Et si les Ch’tis sauvaient le sucre français ? Dans le nord de la France, notre journaliste Margaux Brique a rencontré des agriculteurs qui veulent créer la première filière française de betterave à sucre bio. Et prouver, en pleine polémique autour de la loi Duplomb, qu’on peut très bien s’en sortir sans pesticide ultra-nocif pour les insectes pollinisateurs 👇

Garder le COP

Dix ans après l’Accord de Paris, où en sont vraiment les pays dans la lutte contre le réchauffement climatique ? Pour la deuxième année consécutive, 2050NOW publie en exclusivité son palmarès international — une étude menée par le chercheur François Gemenne avec l’Observatoire Hugo (Université de Liège) et le fonds DPAM. À découvrir juste ici.

Oui, on vous en re-reparle mais on en est vraiment très fiers.

On parle de nous…

… dans l’essai Climax (éditions Hermann) de Romain Mouton, président du Cercle de Giverny, sur l’urgence d’inventer de nouveaux récits écologiques 👀

Vous nous écrivez

Parmi vos nombreux messages — merci pour toutes vos idées d’articles sur les métiers de la transition ! — on a reçu cette suggestion de Laura : promis, on va creuser !

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Cette newsletter a été concoctée par : Pierre Fortin, Anouk Labylle, Marc Lomazzi, Paulin Viguier et Pauline Vallée (référente éditoriale)

Rédactrice en chef 2050NOW : Aude Baron. Directeur général 2050NOW : Vincent Giret.

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