Précieuse vie marine

Nos océans, nos plastiques et nos assiettes

Nos Océans

Bonjour, c’est Vincent,

Nager dans la mer… l’un de mes plus grands plaisirs de l’été.

La mer ? Nous ne pourrions pas vivre sans elle : elle est notre oxygène, notre élan vital, elle nous offre une respiration sur deux… C’est un trésor à protéger, plus que jamais. Au-delà du réchauffement qui met en péril son rôle de régulateur du climat, on le vide de ses poissons, on le pollue avec nos plastiques et autres produits chimiques, et on dégrade des fonds avec la la pêche au chalut.

Le monde entier ou presque est à son chevet cette semaine : 2 000 scientifiques, des délégations de 160 pays, 70 chefs d’État, des ONG… tous sont à Nice pour le grand sommet des Nations Unies sur l’Océan.

Pour vous en parler, j’ai appelé mon ami Éric Guilyardi, océanographe, climatologue au CNRS, et membre de notre comité scientifique. Il était en route pour Nice, je lui ai posé cette question simple : « Qu’aimerais-tu dire d’essentiel à nos lecteurs sur l’océan et sur ton rôle de scientifique ? » Éric m’a expliqué ses « trois missions impérieuses » :

  • « Faire connaître l’océan, partager les savoirs scientifiques avec le plus grand nombre, prendre conscience que l’océan commence dès la rivière.

  • Multiplier les échanges entre scientifiques, société civile et décideurs sur les connaissances à développer pour assurer une gestion durable, commune et équitable de l’océan dans un contexte géopolitique difficile.

  • Enfin, au-delà des connaissances scientifiques : imaginer de nouveaux récits pour se reconnecter au vivant, et utiliser l’énergie et l’émerveillement que procure l’océan pour se projeter dans un avenir désirable… »

L’émerveillement devant l’océan… Je ne suis pas près de l’oublier. Merci Éric ! Cette semaine, nous vous avons d’ailleurs concocté une newsletter 100 % dédiée à l’Océan. Bonne lecture !

Pour en savoir plus : lisez notre dernière édition de WARM by 2050NOW sur « Les océans, nouveau théâtre des affrontements géopolitiques ».

Au sommaire cette semaine :

  • 🌊 Un décryptage sur la protection des océans

  • 🐟 Une infographie sur les poissons à déguster et éviter

  • 🍀 Des offres d’emploi pour se bouger

  • 📗 Une BD-enquête sur la pêche

  • 💡 Et une idée pour agir… 😃 

N’hésitez pas à nous soumettre des idées de sujets si vous en avez. Bonne lecture !

On vous a transféré la newsletter de 2050NOW ? Pour s’abonner, c’est ici. 👇️ 

La rubrique pour décarboner et vivre mieux

Protéger nos océans : quand on veut, ça marche !

Plus de 70 chefs d’État et des milliers de délégués, scientifiques et ONG sont réunis cette semaine à Nice pour la 3ᵉ Conférence des Nations Unies sur l’Océan. Au cœur des débats : comment utiliser durablement cet espace vital ? À notre échelle, on vous propose un focus sur une mesure emblématique : les aires marines protégées. Efficace ou écran de fumée ? On vous explique.

💡 Ce que vous allez apprendre

  • La vraie réalité des aires marines protégées

  • Ce que nous croyons savoir de notre littoral, mais qui relève de la fiction

  • Les chiffres-clés qui font mal

  • Les solutions proposées par les scientifiques (et efficaces !)

  • Comment agir à notre niveau pour protéger la mer

🪸 Les enjeux

Imaginez notre parc national de la Vanoise rempli de bulldozers… Impensable ? Pourtant, c’est ce qui se passe dans la majorité des aires marines protégées (AMP) de la planète, y compris en France.

Faut-il le rappeler ? Les océans jouent un rôle vital :

Seulement voilà : ils se dégradent à une vitesse alarmante, et nous sommes responsables, dixit tous les experts. Si rien ne change, plus de la moitié des espèces marines pourraient disparaître d’ici 2100.

Les causes sont connues :

  • Le réchauffement climatique : hausse de la température des eaux, acidification…

  • La pollution : 80 % des eaux usées mondiales y sont déversées, avec 85 % de déchets marins liés au plastique.

  • La destruction des habitats : urbanisation, dragage (extraction de matériaux)…

  • Et surtout la pêche industrielle : un tiers des stocks mondiaux de poissons sont surexploités, contre 10 % dans les années 1970. Dans l’Hexagone, 19 % des poissons français vendus en 2023 étaient issus de la surpêche.

Le problème ? Les aires marines protégées (AMP) ne le sont pas vraiment, car elles relèvent du déclaratif, il n’y a donc pas de contrôle. Il existe 4 niveaux de protection - minimale, légère, haute et intégrale - mais seuls les deux derniers, portés par une vraie gestion humaine et financière, permettent de réduire les impacts sur la biodiversité, avec zéro pêche.

Résultat :

  • La pêche industrielle est tolérée dans 2/3 des AMP mondiales

  • Seuls 2,7 % des océans bénéficient d’une protection « haute » ou « intégrale »

  • En France, un tiers des eaux est dit « protégé », mais seules 4 % le sont vraiment (on est loin des 10 % d’objectif !)

  • Si l’on prend la seule métropole, c’est pire : le niveau de véritable protection est 0,1 % en Méditerranée et 0,01 % sur la façade Atlantique-Manche-Mer du Nord.

Pourtant, les zones vraiment protégées, ça marche ! « En Méditerranée, on a de très petites aires bien réglementées qui fonctionnent bien », résume Joachim Claudet, directeur de recherche au CNRS et Monsieur Océans de l’institution. Exemple : dans le Parc national de Port-Cros, créé en 1963, la population de Mérou a été multipliée par 8,5 en 20 ans, et celle de Corbs par 7,8.


🔑 Alors quelle est la solution ?

Pour Joachim Claudet, il faut :

  • Placer 10 % des AMP françaises existantes sous protection haute ou intégrale, avec zéro pêche

  • Supprimer les AMP qui tolèrent la pêche industrielle (ce qui suppose d’exercer un minimum de contrôle)

  • Retirer le statut d’AMP aux zones dont le niveau de protection est inconnu ou insuffisant.

Une voix que les chercheurs entendent porter à la Conférence des Nations Unies sur l’Océans à Nice cette semaine. Qu’est-ce qu’on attend pour passer à l’action ?

❌ Les idées reçues 

  • Dans une aire marine protégée (AMP), les poissons sont mieux traités. Faux : on l’a dit, il suffit d'une déclaration d'intention pour créer une AMP. Et les Etats, dont la France, ne s’en privent pas. Résultat : les aires protégées de La Manche et de la Mer du Nord sont parmi les plus chalutées d’Europe.

  • Les AMP nuisent aux pêcheurs. Faux : l’augmentation de la biodiversité dans les aires strictement protégées finit par avoir un effet ricochet sur les zones alentour, cela a été constaté !

Comment agir à notre (petit) niveau ?

Choisir du poisson durable

  • Opter pour les poissons pêchés à la ligne. Et acheter de préférence français et de saison (moins de transport, moins de stockage, donc plus écologique). Pour choisir, regarder les étiquettes, ou interroger son poissonnier.

  • Éviter les poissons d'élevage. Pour produire 1 kg de daurade royale par exemple, il faut 4 kg de petits poissons (sous forme de farine ou huile de poisson). Une folie !

  • Privilégier les labels fiables. Parmi ceux qui existent, on vous recommande Pêche Durable (celui de la filière FranceAgriMer, qui garantit une pêche n’impactant pas de manière significative l’écosystème) et surtout Ligneurs de la Pointe de Bretagne (qui regroupe des pêcheurs à la ligne de moins de 12 m). En revanche, MSC (le plus répandu) autorise le chalutage, donc plutôt à éviter.

  • Acheter en bon endroit. Le mieux est de faire son marché sur les ports, au retour des pêcheurs, mais ce n’est pas accessible à tout le monde. On vous recommande deux sites donnant accès à des poissons issus d’une pêche durable : Poiscaille, qui permet d’acheter en circuit court, et Pleine Mer, qui recense des points de vente et réalise des livraisons.

  • Préférer les espèces issues de stocks en bon état. Seuls 56 % des poissons pêchés en France en 2023 provenaient d’une pêche durable, loin de l’objectif européen pour 2020 (100 %). Nos conseils pour vous y retrouver 👇

S'impliquer concrètement

  • Participer à des actions de terrain avec des scientifiques grâce aux sciences participatives : Espions des Océans (Ifremer), Initiatives Océanes (Fondation Surfrider), ou BioLit (asso Planète Mer). 

  • Signer la pétition de Bloom pour interdire la pêche et les autres activités industrielles dans les aires marines dites « protégées »

Pour en savoir plus :

  • Participer à la conférence des Nations Unies sur l'Océan, jusqu’au 13 juin (s’inscrire ICI).

  • Consulter la carte interactive des Aires marines protégées (par exemple celle-là)

4 offres d’emploi et idées de boîtes pour (vous) bouger

Animateur·ice en écologie urbaine - Terres Urbaines - Drancy (93) : La mission : reconnecter la ville à la nature en concevant et animant des activités de sensibilisation à l’écologie urbaine, au jardinage et à l’alimentation durable. Tentez votre chance ici.

Directeur·ice adjoint·e Partenariats - Max Havelaar - Nanterre (92) : Envie de booster le commerce équitable dans la grande distribution et la restauration ? L’une des asso phare du secteur cherche une perle pour piloter ses partenariats et manager une équipe engagée, foncez.

Chargé·e de mission Formation (en alternance) - Enercoop - Montpellier (34) : Contribuer à la transition énergétique citoyenne au travers de la formation, pas mal comme première expérience… Si ça vous tente, l’annonce est ici.

Chargé·e de projet communauté circulaire - Terravox - Limoges (87) : Transformer les déchets en ressources et, dans le même temps, renforcer le lien social, ça vous dit ? Si oui, les infos sont ici.

Un objet cult(urel) pour aérer vos neurones

Il est bon mon poisson !

Quelles sont les différentes techniques de pêche ? Qu’est-ce que la pêchécologie ? Dans sa BD-enquête On a mangé la mer, Maxime de L’Isle, le président de l’ONG Seastemik, raconte les coulisses de la pêche artisanale et industrielle avec un objectif : inciter à mieux consommer. Une fois le livre refermé, vous saurez faire la différence entre chalutage de fond et filets. Et donc quels poissons éviter…

L’auteur donne aussi la parole à ceux qui protègent les océans et tentent de faire évoluer les lois, de la navigatrice Isabelle Autissier à l'association Bloom. Pour montrer qu’on peut tous agir en consom’acteurs. Très instructif.

On a mangé la mer de Maxime de L’Isle et Olivier Martin, Futuropolis, 22€.

Une question pour envisager le monde autrement

Et si… on jouait au Rubik’s cube pour sauver nos océans ?

Face au Rubik’s cube, résoudre une seule face ne suffit pas. C’est pareil pour la planète : océans, climat, biodiversité, ressources… "Il est indispensable d'envisager TOUTES les faces à la fois pour produire la solution".

Un raisonnement expliqué par Côme Girschig, conférencier engagé (et ancien chroniqueur vidéo pour 2050NOW).

Voyage au coeur de l’univers de 2050NOW…

Océan mon amour

Le plastique, vous pensez en connaître les effets dans nos mers et océans ? Attendez de voir 👇

Bras de fer sous les mers

Faut-il exploiter les minerais nichés dans les fonds marins ? Depuis que Donald Trump a signé un décret dans ce sens, au mépris du droit international, la controverse prend de l’ampleur. On vous l’explique dans WARM by 2050NOW, notre nouvelle offre éditoriale sur la géopolitique à l’heure des transitions.  

Débat électrique autour des véhicules électriques

Vous avez été nombreux à réagir à l’édito de Vincent sur la voiture électrique, notamment sur le coût environnemental des batteries. « Vous encensez les véhicules électriques, alors qu’on connaît tous la pollution liée à leur fabrication », écrit Clily. Oui, l’extraction des terres rares pose de vrais problèmes. Mais sur l’ensemble du cycle de vie, le bilan environnemental est meilleur que celui du thermique.

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Cette newsletter a été concoctée par : Aude de Bourbon, Sylvie Buy, Charlotte Meyer (journalistes), Sandrine Trouvelot (rédaction en chef).

Rédactrice en chef 2050NOW : Aude Baron. Directeur général 2050NOW : Vincent Giret.

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